Category Archives: Corpus numérisés

ReNom – Naviguer dans Rabelais et Ronsard par la cartographie

Les « lundis du numérique » ont lieu une fois par mois à l’INHA : pendant une heure et demi, un intervenant est invité à présenter une réalisation alliant recherche et numérique dans le domaine de l’histoire de l’art. Depuis 2014, ces séances sont ouvertes à tous.
>accéder au programme<

Le 17 novembre 2014, Jorge Fins, ingénieur d’étude, était invité à nous présenter le site ReNom qui offre une visualisation cartographique des œuvres de Rabelais et de Ronsard à travers des extraits géolocalisés.
Ce projet original, porté par le Centre d’Etudes Supérieur de la Renaissance (programme des Bibliothèques virtuelles humanistes (BVH) à Tours), associe un volet de recherche sur les outils numériques appliqués au patrimoine textuel et un volet de valorisation touristique, en partenariat étroit avec les acteurs publics et privés de la région Centre. 

Page d'accueil du site ReNom

Recherche scientifique et médiation culturelle : les objectifs du projet ReNom

Le projet ReNom répond à des objectifs multiples, qui touchent tant à la recherche scientifique qu’à médiation culturelle. Sur le plan scientifique, il s’agit d’expérimenter les usages offerts par la visualisation cartographique des données et de prospecter dans le champ de la géographie littéraire. La géolocalisation des fragments d’un texte offre un accès nouveau à l’œuvre littéraire, mais permet-elle de renouveler le regard qu’on lui porte ?

En proposant une exploration cartographique des œuvres de Ronsard et de Rabelais, le programme vise à valoriser un pan majeur du patrimoine littéraire de la région Centre et à revitaliser une somme de connaissances. Il s’agit de fournir des contenus de qualité pour l’industrie touristique locale, sur laquelle elle puisse bâtir des services ludiques et instructifs (parcours de visite, audioguides).

Continue reading

Réseau des musées en Amazonie : favoriser l’accès et la valorisation des collections

Lors du colloque « Les nouvelles technologies appliquées au patrimoine », Lydie Janny et Marie-Paule Jean-Louis nous ont présenté le tout jeune réseau des musées en Amazonie qui rassemble trois institutions autour d’un site web et d’actions communes (formation professionnelle, médiation, valorisation des collections). Leur intervention soulevait des problématiques rarement évoquées en métropole mais qui devraient nous inspirer.

Réseau des musées en Amazonie: une démarche collaborative qui favorise l’accessibilité et la valorisation des collections 

Le plateau des Guyanes, en Amazonie, forme un espace géologique cohérent, où évoluent depuis longtemps plusieurs populations autochtones et bushinenge (descendants d’esclaves ayant fui dans la forêt). Ce vaste territoire est aujourd’hui partagé entre différents pays : Guyane et Guyane française, Suriname et Brésil. Les artéfacts des principales populations qui occupent ce territoire sont conservés dans la dizaine de musées que compte la région. Pourtant, jusqu’ici, aucun programme commun ne leur permettait de se rassembler : ces musées, aux collections complémentaires, ne se connaissaient tout simplement pas. C’est de ce constat qu’est né le réseau des musées d’Amazonie, qui se localise actuellement dans la partie est du plateau.

Trois musées, en Guyane française, au Suriname et au Brésil se sont lancés dans un projet commun et participatif qui comporte notamment un volet de numérisation et de mise en ligne des collections.

Musées réseau amazonie Guyanes

Musées fondateurs du réseau

La première campagne, menée de 2011 à 2013 a concerné la création d’une base de données commune dans laquelle chaque partenaire a renseigné environ 2300 artéfacts ethnologiques présents dans ses collections (essentiellement amérindiens et bushinenge). A la création de cet outil était associé un programme de formation des professionnels des musées et un programme de médiation tourné vers le public local. L’articulation de ces trois volets offrait des problématiques intéressantes qui méritent d’être restituées.

Continue reading

Digital Mellini : expérimenter un « Scholars’ Workspace »

Le projet « Digital Mellini » vise à produire une édition numérique critique de l’inventaire de la collection romaine des Mellini, dont la forme atypique rend l’identification des œuvres décrites difficile. Pour ce faire, le Getty Research Institut, qui porte conjointement le projet avec l’Université de Malaga a développé une plateforme de travail collaborative destinée aux chercheurs. Au-delà de la publication de l’inventaire de Mellini, il s’agit d’explorer de nouvelles méthodes et outils de travail pour l’édition critique en histoire de l’art.  

Pietro_Mellini_manuscrit_1681_détail

L’atypique inventaire de la collection Mellini (1681)

À l’époque moderne, toutes les grandes familles romaines se devaient de posséder une collection réputée d’œuvres d’art, symbole de leur richesse, de leur prestige et de leur raffinement. Ces collections privées sont aujourd’hui relativement bien connues des historiens de l’art à travers les traces qu’elles ont laissées : descriptions de voyageurs ou d’amateurs, reproductions gravées ou dessinées, archives diverses parmi lesquels des inventaires.

Ces inventaires sont des documents particulièrement précieux pour les chercheurs: ils permettent de suivre l’évolution d’une collection à travers les siècles, mais aussi d’attribuer, d’identifier et d’authentifier des œuvres. Ils forment par ailleurs une source de choix pour écrire l’histoire du goût et des dispositifs de présentation.

Continue reading

IFLA 2014 : Les bibliothèques d’art face au défi de l’édition électronique (2)

L’Institut National d’Histoire de l’Art, à Paris, accueille du 12 au 14 août l’une des nombreuses conférences satellites du 80e congrès mondial des bibliothèques et de l’information de l’IFLA (Lyon, 16-22 août 2014). « Les bibliothèques d’art face au défi de l’édition électronique : nouveaux formats, nouveaux acteurs, nouvelles solutions » est le thème retenu.

Synthèse de mes notes pour la seconde session, dont vous pouvez retrouver le programme ici. En fonction de la mise en ligne des PowerPoint, je compléterai ou corrigerai ces notes.

Session 2 – Les publications numériques d’art en open access

Martin Flynn, directeur honoraire des services d’Informations au Victoria and Albert Museum était le modérateur de cette seconde session consacrée aux publications numériques d’art en open access. La première intervenante, Alexandra Büttner, historienne de l’art, a présenté le programme open access de la bibliothèque universitaire de Heidelberg. Puis Sylvain Machefert, bénévole à la fondation Wikimédia France et par ailleurs bibliothécaire, est venu présenter un partenariat entre Wikimédia et le Centre Pompidou.

Un modèle pour l’avenir de l’édition d’art : l’open access à la Bibliothèque universitaire de Heidelberg

Note personnelle : La bibliothèque universitaire de Heidelberg est un lieu innovant, dont les services ont été loués par tous les étudiants que je connais. Son offre numérique et ses horaires d’ouvertures sont particulièrement appréciés.

Depuis 2006, la bibliothèque universitaire de Heidelberg est engagée dans la promotion de l’Open Access numérique, notamment à travers sa plateforme « Art-Dok », spécialisée dans l’histoire de l’art, où les chercheurs du monde entier peuvent déposer leurs travaux (monographies, thèses, articles, conférences, littérature grise) sans frais. Il s’agit d’un espace d’auto-archivage de pré- et post-publication avec évaluation par les pairs. La plateforme abrite actuellement plus de 2600 textes et s’inscrit dans le réseau plus vaste des bibliothèques virtuelles d’art allemandes, appelé arthistoricum.net.

Plateforme "Art-Dok" à la bibliothèque universitaire de Heidelberg

Plateforme « Art-Dok » à la bibliothèque universitaire de Heidelberg

  Continue reading

IFLA 2014 : Les bibliothèques d’art face au défi de l’édition électronique (1)

L’Institut National d’Histoire de l’Art, à Paris, accueille du 12 au 14 août l’une des nombreuses conférences satellites du 80e congrès mondial des bibliothèques et de l’information de l’IFLA (Lyon, 16-22 août 2014). « Les bibliothèques d’art face au défi de l’édition électronique : nouveaux formats, nouveaux acteurs, nouvelles solutions » est le thème retenu.

Synthèse de mes notes pour la première demi-journée de conférence, dont vous pouvez retrouver le programme ici. En fonction de la mise en ligne des PowerPoint, je complèterai ou corrigerai ces notes.

Ouverture de la pré-conférence

Je n’ai pas pu assister à la présentation de la pré-conférence par Véronique Thomé et Sandra Brooke ni à la première intervention, puisque je m’occupais de l’accueil des participants. Le résumé de la présentation de Milan Doueihi (philosophe et historien des religions, Université de Laval), consacré aux Mutations du document à l’ère numérique est disponible ici.

Présentation du paysage numérique français

Pour une mise en contexte, Anne-Elisabeth Buxtorf, directrice de la bibliothèque de l’INHA a brossé, en trente minutes, un rapide panorama de l’édition numérique française. Son exposé était construit autour de trois axes : enjeux économiques, l’édition universitaire et la place des musées.

Le marché du livre numérique

Le livre numérique est devenu l’un des marronniers de la presse généraliste française qui s’interroge régulièrement sur la fin (supposée prochaine) du livre papier ou des bibliothèques. Pourtant, le marché français ne semble pas avoir définitivement viré en faveur du numérique. En effet, si 49 % de la population française achètent des contenus numériques, le livre numérique (e-book) ne représente que 16% de ces contenus.

Le monde de l’édition est en pleine effervescence. En 2013, une loi sur les contrats d’édition est venue encadrer l’édition numérique française, fixant les termes des nouveaux liens entre les auteurs et les éditeurs. Comme le livre papier, la TVA du livre numérique est fixée à 5,5%. L’offre numérique se diversifie et les contenus disponibles sont de plus en plus nombreux. À la BnF, le projet ReLire entend recommercialiser sous forme numérique des livres épuisés encore sous droit d’auteur. Les librairies ont fait un effort important pour offrir des plateformes de vente tandis que les bibliothèques commencent à constituer des collections numériques et à prêter des liseuses à leurs usagers. Continue reading

édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix

Analyse de l’édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix réalisée dans le cadre de l’évaluation du séminaire « Panorama des ressources électroniques » (M2 Technologies numériques appliquées à l’Histoire, Ecole des chartes), en février 2014. Le devoir consistait à produire une analyse critique d’une édition numérique de sources textuelles en SHS, en portant une attention particulière aux partis pris techniques. Les critères d’évaluation sont élaborés sur les bonnes pratiques actuelles de l’édition numérique scientifique. Il ne faut donc pas perdre de vue qu’une partie de ces « bonnes pratiques » n’étaient pas encore largement connues et diffusées à l’époque où le projet Delacroix fut monté. 

Lancé en 2010, le site « correspondance d’Eugène Delacroix » propose une édition numérique d’une partie des lettres rédigées par le peintre. Porté par le Centre André Chastel et le musée Delacroix, il s’agit de l’un des premiers projets d’édition numérique des sources de l’histoire de l’art en France. 

Delacroix, lettre à Louis Guillemardet, du 11 octobre 1862, conservée à l'INHA

Delacroix, lettre à Louis Guillemardet, du 11 octobre 1862, conservée à l’INHA

Enjeux et contexte du projet : éditer la correspondance d’Eugène Delacroix

Durant toute sa vie, Eugène Delacroix (1798-1863) a écrit : outre la rédaction de son Journal, il a entretenu une abondante correspondance. Ces deux corpus forment une source précieuse pour la compréhension tant de son œuvre que du monde de l’art de son époque. Publiés par fragments dès la fin du XIXe siècle1, le Journal et la Correspondance ont fait l’objet au début des années 1930 d’une ambitieuse entreprise d’édition par André Joubin2. Outils de référence mais lacunaires et parsemés d’erreurs de transcription, ces ouvrages ne satisfaisaient plus aux exigences des chercheurs. Le Journal a donc été réédité en version papier en 2007 par Michèle Hannoosh3. En 2006, le Centre André Chastel a obtenu un financement de l’Agence nationale pour la Recherche afin d’établir une édition électronique de la correspondance. Entreprise collective et pluridisciplinaire, le projet a rassemblé de nombreuses institutions et chercheurs d’horizon divers. Leur objectif était triple : proposer de nouvelles transcriptions répondant aux critères scientifiques actuels, actualiser les annotations au regard des avancées de la recherche et enfin intégrer les très nombreuses lettres réapparues au cours des dernières décennies. Continue reading

  1.  BURTY, Philippe (ed), Lettres de Eugène Delacroix, Paris, A. Quantin, 1878 [version numérisée sur Gallica <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205063z/f4.image>, consulté le 02/02/2014] ;  Journal de Eugène Delacroix, notes et éclaircissements par MM. Paul Flat et René Piot, Paris, Plon, 1893-1895[version numérisée sur Gallica <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k480222s/f6.image>, consulté le 02/02/2014] []
  2. JOUBIN, André (ed), Correspondance générale de Eugène Delacroix, Paris, 5 volumes, 1938 ; JOUBIN, André (ed), Journal, 1822-1863, Paris, 3 volumes, 1931-1932 []
  3. HANNOSH, Michèle (ed),DELACROIX, Eugène, Journal, Paris, José Corti, 2009. HANNOOSH, Michèle, « Histoire d’une édition : le Journal de Delacroix, archéologie et reconstitution d’un document », Journal of the International Association of Research Institutes in the History of Art (RIHA Journal), 14 avril 2010, 0001, en ligne, http://www.riha-journal.org/articles/2010/hannoosh-histoire-d-une-edition/@@rihaview, consulté le 23/02/2014 []