Tag Archives: édition numérique

Mise en ligne de mon mémoire sur les outils d’annotation

En septembre 2014, j’ai soutenu mon mémoire, somme de mes recherches sur les outils d’annotations pour l’édition scientifique de corpus textuels. Le texte et les planches de ce travail sont désormais en ligne. 

Memoire

 

La version numérique se compose de deux fichiers : le volume de texte et le volume de planches. Dans la version papier, ces dernières sont placées en regard du texte. La liste des annexes (à consulter en ligne sur Github) est adjointe au volume de planches, tout comme un tableau comparatif des 6 outils d’annotation testés.

Je précise qu’il s’agit d’une version corrigée : le texte a été nettoyé de quelques coquilles, deux graphiques ont été repris et la conclusion a été réécrite.

Pour en savoir plus sur mon mémoire, consultez la page dédiée.

Pour télécharger les fichiers ou les consulter en ligne sur Slideshare : 

Présentation du projet « Rouen Bizarre », une réédition numérique

Depuis quelques semaines, je me suis lancée dans une nouvelle aventure, celle de la réédition numérique du texte d’Amédée Fraigneau, Rouen bizarre, publié en 1888. Ce billet vise à présenter (à grands traits) ce projet et ses objectifs.

En octobre 1888, Amédée Fraigneau, journaliste au Nouvelliste de Rouen, publie chez Schneider Frères, éditeur installé rue Jeanne d’Arc, un ouvrage sur les bas-fonds de la ville, ses vagabonds (les « Soleils ») et ses « métiers bizarres ». Préfacé par Georges Dubosc, l’ouvrage reçoit le titre quelque peu racoleur de « Rouen bizarre ». Le texte se veut un reportage, que l’on cite souvent depuis, dès lorsqu’il s’agit d’évoquer l’aspect de la ville à la fin du XIXe siècle.

Cependant, Rouen bizarre nous livre-t-il véritablement un reflet des quartiers pauvres de la capitale normande ? Écrit par un journaliste, il s’inscrit dans un phénomène éditorial, celui des « guides et descriptions des bas-fonds », dont le genre fait florès à Paris. À travers des brochures aux titres évocateurs, telles que Paris étrange, Paris horrible et Paris original, Une nuit de Paris, au pays du vice et de la misère, le lectorat se procure quelques émotions fortes, où se mêlent curiosité, effroi, attrait exotique de la misère et désir de transgression.

Fruit d’une formule éditoriale bien rodée, dont les racines remontent au XVIIIe siècle, ces ouvrages s’autoalimentent en anecdotes sordides, en descriptions pittoresques et en figures stéréotypées, que l’on retrouve d’un texte à l’autre. Ainsi, lorsque l’historien démêle l’écheveau du récit, il en tire bien plus d’enseignements sur l’image que se faisaient les élites intellectuelles du petit peuple que d’informations sur le petit peuple en lui-même.

Dès lors, quel crédit accorder à Rouen bizarre ? Est-il vraiment un moyen pour lecteur moderne d’approcher le Rouen disparu ?

La rue Eaux de Robec autour de 1880. Une grande partie du récit de Fraigneau se déroule dans le quartier Martainville, très miséreux à l'époque. Photographie Gallica

La rue Eau de Robec autour de 1880. Une grande partie du récit de Fraigneau se déroule dans le quartier Martainville, très miséreux à l’époque. Photographie Gallica/BNF

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ReNom – Naviguer dans Rabelais et Ronsard par la cartographie

Les « lundis du numérique » ont lieu une fois par mois à l’INHA : pendant une heure et demi, un intervenant est invité à présenter une réalisation alliant recherche et numérique dans le domaine de l’histoire de l’art. Depuis 2014, ces séances sont ouvertes à tous.
>accéder au programme<

Le 17 novembre 2014, Jorge Fins, ingénieur d’étude, était invité à nous présenter le site ReNom qui offre une visualisation cartographique des œuvres de Rabelais et de Ronsard à travers des extraits géolocalisés.
Ce projet original, porté par le Centre d’Etudes Supérieur de la Renaissance (programme des Bibliothèques virtuelles humanistes (BVH) à Tours), associe un volet de recherche sur les outils numériques appliqués au patrimoine textuel et un volet de valorisation touristique, en partenariat étroit avec les acteurs publics et privés de la région Centre. 

Page d'accueil du site ReNom

Recherche scientifique et médiation culturelle : les objectifs du projet ReNom

Le projet ReNom répond à des objectifs multiples, qui touchent tant à la recherche scientifique qu’à médiation culturelle. Sur le plan scientifique, il s’agit d’expérimenter les usages offerts par la visualisation cartographique des données et de prospecter dans le champ de la géographie littéraire. La géolocalisation des fragments d’un texte offre un accès nouveau à l’œuvre littéraire, mais permet-elle de renouveler le regard qu’on lui porte ?

En proposant une exploration cartographique des œuvres de Ronsard et de Rabelais, le programme vise à valoriser un pan majeur du patrimoine littéraire de la région Centre et à revitaliser une somme de connaissances. Il s’agit de fournir des contenus de qualité pour l’industrie touristique locale, sur laquelle elle puisse bâtir des services ludiques et instructifs (parcours de visite, audioguides).

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Digital Mellini : expérimenter un « Scholars’ Workspace »

Le projet « Digital Mellini » vise à produire une édition numérique critique de l’inventaire de la collection romaine des Mellini, dont la forme atypique rend l’identification des œuvres décrites difficile. Pour ce faire, le Getty Research Institut, qui porte conjointement le projet avec l’Université de Malaga a développé une plateforme de travail collaborative destinée aux chercheurs. Au-delà de la publication de l’inventaire de Mellini, il s’agit d’explorer de nouvelles méthodes et outils de travail pour l’édition critique en histoire de l’art.  

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L’atypique inventaire de la collection Mellini (1681)

À l’époque moderne, toutes les grandes familles romaines se devaient de posséder une collection réputée d’œuvres d’art, symbole de leur richesse, de leur prestige et de leur raffinement. Ces collections privées sont aujourd’hui relativement bien connues des historiens de l’art à travers les traces qu’elles ont laissées : descriptions de voyageurs ou d’amateurs, reproductions gravées ou dessinées, archives diverses parmi lesquels des inventaires.

Ces inventaires sont des documents particulièrement précieux pour les chercheurs: ils permettent de suivre l’évolution d’une collection à travers les siècles, mais aussi d’attribuer, d’identifier et d’authentifier des œuvres. Ils forment par ailleurs une source de choix pour écrire l’histoire du goût et des dispositifs de présentation.

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édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix

Analyse de l’édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix réalisée dans le cadre de l’évaluation du séminaire « Panorama des ressources électroniques » (M2 Technologies numériques appliquées à l’Histoire, Ecole des chartes), en février 2014. Le devoir consistait à produire une analyse critique d’une édition numérique de sources textuelles en SHS, en portant une attention particulière aux partis pris techniques. Les critères d’évaluation sont élaborés sur les bonnes pratiques actuelles de l’édition numérique scientifique. Il ne faut donc pas perdre de vue qu’une partie de ces « bonnes pratiques » n’étaient pas encore largement connues et diffusées à l’époque où le projet Delacroix fut monté. 

Lancé en 2010, le site « correspondance d’Eugène Delacroix » propose une édition numérique d’une partie des lettres rédigées par le peintre. Porté par le Centre André Chastel et le musée Delacroix, il s’agit de l’un des premiers projets d’édition numérique des sources de l’histoire de l’art en France. 

Delacroix, lettre à Louis Guillemardet, du 11 octobre 1862, conservée à l'INHA

Delacroix, lettre à Louis Guillemardet, du 11 octobre 1862, conservée à l’INHA

Enjeux et contexte du projet : éditer la correspondance d’Eugène Delacroix

Durant toute sa vie, Eugène Delacroix (1798-1863) a écrit : outre la rédaction de son Journal, il a entretenu une abondante correspondance. Ces deux corpus forment une source précieuse pour la compréhension tant de son œuvre que du monde de l’art de son époque. Publiés par fragments dès la fin du XIXe siècle1, le Journal et la Correspondance ont fait l’objet au début des années 1930 d’une ambitieuse entreprise d’édition par André Joubin2. Outils de référence mais lacunaires et parsemés d’erreurs de transcription, ces ouvrages ne satisfaisaient plus aux exigences des chercheurs. Le Journal a donc été réédité en version papier en 2007 par Michèle Hannoosh3. En 2006, le Centre André Chastel a obtenu un financement de l’Agence nationale pour la Recherche afin d’établir une édition électronique de la correspondance. Entreprise collective et pluridisciplinaire, le projet a rassemblé de nombreuses institutions et chercheurs d’horizon divers. Leur objectif était triple : proposer de nouvelles transcriptions répondant aux critères scientifiques actuels, actualiser les annotations au regard des avancées de la recherche et enfin intégrer les très nombreuses lettres réapparues au cours des dernières décennies. Continue reading

  1.  BURTY, Philippe (ed), Lettres de Eugène Delacroix, Paris, A. Quantin, 1878 [version numérisée sur Gallica <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205063z/f4.image>, consulté le 02/02/2014] ;  Journal de Eugène Delacroix, notes et éclaircissements par MM. Paul Flat et René Piot, Paris, Plon, 1893-1895[version numérisée sur Gallica <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k480222s/f6.image>, consulté le 02/02/2014] []
  2. JOUBIN, André (ed), Correspondance générale de Eugène Delacroix, Paris, 5 volumes, 1938 ; JOUBIN, André (ed), Journal, 1822-1863, Paris, 3 volumes, 1931-1932 []
  3. HANNOSH, Michèle (ed),DELACROIX, Eugène, Journal, Paris, José Corti, 2009. HANNOOSH, Michèle, « Histoire d’une édition : le Journal de Delacroix, archéologie et reconstitution d’un document », Journal of the International Association of Research Institutes in the History of Art (RIHA Journal), 14 avril 2010, 0001, en ligne, http://www.riha-journal.org/articles/2010/hannoosh-histoire-d-une-edition/@@rihaview, consulté le 23/02/2014 []