Mardi 5 mai, j’ai visité l’exposition Les écritures de Roland Barthes. Exposition sans autre habit que les archives, nues dans leur vitrine.
Longtemps, je n’ai pas trouvé d’intérêt aux expositions d’archives — ou aux archives dans les expositions. Des documents manuscrits ou des papiers dactylographiés, des feuillets jaunis, des encres passées, une ambiance poussiéreuse… Que nous disent les archives dans les expositions sinon que le producteur a beaucoup produit et que le chercheur a beaucoup cherché ?
Ce n’est que récemment que j’ai compris pourquoi ces archives-là — au-delà de la matérialisation de la recherche — étaient intéressantes, sinon passionnantes. Il y a mille choses à extraire des archives, cent façons de les lire, les parcourir, les exposer, les comprendre.
Il y a un point, en particulier, qui me frappe chaque jour davantage : ce que l’archive du chercheur d’hier peut apprendre au chercheur d’aujourd’hui, sur le plan de la méthodologie.
Nous sommes tous — la première fois que nous nous confrontons à la recherche — face à un problème épineux, qui nous paraît presque insoluble : comment gérer l’immense masse de notes que nous engrangeons, les centaines de références que nous accumulons, les documents que nous compilons ? Il y a des outils certes, mais quelle méthode infaillible adopter ? Quelle stratégie suivre ? Pour cela, il n’existe aucun manuel, les secrets d’atelier sont bien gardés : un voile pudique recouvre ce que la recherche a de fastidieux, d’ingrat. Le savoir-faire vient avec l’expérience, dit-on.
Dans cette quête méthodologique, les archives des plus grands sont la meilleure école. Je crois que je l’ai compris bien tard — en lisant un fascicule publié par l’INHA sur le fonds Roger Marx que la bibliothèque conserve, parmi d’autres archives d’historiens, critiques, marchands.