Dans quelques jours j’achève mon stage « de fin d’études » au Labex les Passés dans le Présent. Je dispose de tout le mois d’août pour rédiger le mémoire qui me permettra de valider mon master 2 pro. Sachant la solitude de la rédaction (c’est mon quatrième mémoire en trois ans!), je veux m’essayer à un exercice auquel j’avais échoué l’an dernier, celui de publier sur un blog mon travail quotidien.
Il s’agit tout autant de « briser la solitude » que de mesurer l’avancement du travail (impossible de se mentir sur le retard accumulé dans la rédaction). Il s’agit aussi de susciter la conversation : lorsqu’on rédige de manière continue, il est fréquent de manquer de recul, et les réactions de lecteurs extérieurs aident à remettre les choses en perspective. Les remarques et conseils peuvent corriger des oublis, affiner une pensée mal dégrossie.
Je suis moi-même lectrice de carnets de recherche, et convaincue de la grande utilité de ceux-ci dans l’apprentissage de la recherche (pour le lecteur autant que pour le rédacteur). Cependant, entre la théorie et la mise en pratique, il existe un grand fossé. Ainsi, je me suis rendu compte, dans mes précédentes expériences, à quel point il était difficile d’exposer un travail inachevé, en construction, en devenir. Il faut prendre le risque d’écrire quelque chose sur quoi on n’a pas encore « tout » lu (du moins pas tout ce qu’on s’était fixé de lire), s’exposer à la critique parce qu’à ce stade du travail on est peut-être passé à côté d’une référence importante ou que la pensée n’est pas tout à fait mûre.
Une des grandes difficultés du blogging « scientifique » est bien là : accepter soi-même et faire comprendre au lecteur qu’il s’agit d’une publication d’entre-deux, c’est-à-dire présentant une pensée déjà élaborée, mais encore susceptible d’évolutions, d’enrichissements et de corrections, qui débouchera sur une forme plus définitive, le rendu (un mémoire, une thèse, un article, un livre). Par ailleurs, la tenue d’un carnet de recherche demeurant une forme de publication (le jargon la qualifie de « micropublication »), elle nécessite un certain soin (clarté de l’énonciation, orthographe, mise en page, citation des sources), ce qui en fait une activité chronophage. Activité chronophage dont le caractère optionnel fait qu’elle est facilement abandonnée dans l’urgence de la rédaction du mémoire ou de la thèse.
Je vais essayer de relever ce défi que je m’auto-inflige lance…
Lectures diverses sur l’expérience des carnets de recherche (j’en ai lu certaines il y a longtemps, d’autres viennent de m’être conseillées par Emilien Ruiz)
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Gunthert, André, “Le blogging académique, entre art et science”, sur L’Atelier des icônes, carnet de recherche, 14 octobre 2013.
- Mounier, Pierre, “Ouvrir l’atelier de l’historien : médias sociaux et carnets de recherche en ligne”, sur Homo numéricus, carnet de recherche, 11 septembre 2011.
- Lamy, Jérôme, et Saint-Martin, Arnaud, “Devenir carnetiers, Premier retour d’expérience”, sur Devenir historien, méthodologie de la recherche et historiographie, carnet de recherche, 15 février 2014.
- Ruiz, Émilien, “Blogs et histoire : quelques observations et retours d’expériences”, sur Devenir historien, méthodologie de la recherche et historiographie, carnet de recherche, 21 janvier 2013.
- Ruiz, Émilien, “Blogs et Histoire : Observations et Retours D’expériences (2)” sur Devenir historien, méthodologie de la recherche et historiographie, carnet de recherche, 7 avril 2014.
- Dacos, Marin, et Mounier, Pierre, “Les carnets de recherche en ligne, Espace d’une conversation scientifique décentrée”, dans Lieux de savoir, 2010.